1995. J’ai huit ans, j’ai école et je traîne une véritable gueule de bois au réveil. Non pas que j’ai picolé, ça je ne commencerais que l’année suivante, mais je vis ma première relégation avec Malherbe. J’allume la télé sur M6 pour regarder Boulevard des Clips et là, déjà bilingue , je m’exclame : « What da funk! » Sur l’écran, je me vois traîner ma gueule de chien battu dans la rue au milieu de passants indifférents, un Ghetto-Blaster à la main pour amplifier ma peine telle une mélodie aussi entraînante que répétitive laissant inévitablement un goût d’inachevé. Daft Punk émerge dans les raves tandis que Malherbe abandonne ses rêves.
1997. Première année au collège, premiers cours d’anglais, Homework doit vouloir dire tuerie. Alors que le duo déchire partout around the word, que leur musique électrise les clubs, c’est peu à peu en France la fin du football de clubs. L’année suivante, la France sera championne du monde mais s’exporte déjà largement hors de ses frontières. En football comme en musique c’est le lancement de la french touch, mouvement qui joue bien mieux qu’il ne parle, l’antitgèse de Malherbe qui ne peut se conjuguer qu’à l’imparfait du subjectif et reste sur la touche. En pleine ivresse nationale, Malherbe, relégué en étant 17e, porte au sublime l’art de la descente.
2001. J’entre au lycée et, comme l’année suivante en France, il y a une catastrophe entre deux tours. Malherbe végète en 2e division et se demande si elle reverra l’élite one more time cependant que les Daft, dorénavant casqués, sortent Discovery qui trônera fièrement dans ma tour de CDs. On écoute Daft Punk en regardant des clips dans le style d’Albator, puis on regarde Malherbe en écoutant tinter les clips de l’abattoir. En gros, on aime vachement Daft Punk alors qu’avec Malherbe, c’est l’amour vache.
2005. Enfin les étoiles s’alignent! Je foire ma première année de licence, Malherbe est relégué pour la 3e fois et le nouvel album du tandem à présent robotisé, Human After All, est un échec. Ouf! Soulagement! Un vent de défaite salutaire souffle sur la France de Domenech qui relativise la proverbiale lose malherbiste. Cette belle unisson vole en éclat l’année suivante : Daft Punk pose les bases de l’EDM à Coachella pendant qu’en EDF on se demande si le coach est là, que Malherbe magnifie notre VDM en terminant 4e de Ligue 2 à la différence de but et qu’on a vraiment envie de se cacher là!
2013. L’année du centenaire du Stade Malherbe est aussi celle de la consécration pour Daft Punk qui sort Random Access Memories, deux événements également célébrés dans le monde entier, comme mon accès au statut de fonctionnaire. Ou pas. Le supporter que je suis deviens chanceux, comme le lui souffle Pharell à longueur de journée sur toutes les ondes, en participant à l’écriture de l’Encyclopédie du Centenaire, notre Homework à nous qui nous a amenés à tout plein de Discover(ies) sur le club de nos idoles qui, plus qu’ailleurs, sont Human After All. Ensuite, bien avant la séparation du duo, son histoire cesse de converger avec celle de Malherbe puisque Daft Punk laissera comme testament deux succès mondiaux avec The Weeknd alors que le SMC s’efforcera de ne plus connaître de succès le week-end.