Stéphane Paille – Portrait

Né en 1965 en Haute-Savoie, Stéphane Paille avait le talent d’un futur grand skieur. Il choisit pourtant le football, qu’il pratique à Thonon, près de chez lui. Il y est détecté par le FC Sochaux, distant de 100 km, où il arrive à 16 ans et éclôt très vite : premier match en première division à tout juste 17 ans, premier but à ce niveau un an plus tard – de la tête. Il remporte la Gambardella 1983 en marquant le seul but de la finale – de la tête encore. Si Stéphane Paille brille particulièrement dans cet exercice, il est loin d’être maladroit avec les pieds et s’avère être un attaquant très complet. A 18 ans il est un titulaire incontournable à Sochaux.

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En sélection nationale, il confirme tout son talent. Il remporte le championnat d’Europe dans deux catégories : en junior en 1983 – il est le meilleur buteur du tournoi – et en espoir cinq ans plus tard. Capitaine des Bleuets, il laisse cette fois la première place du classement des buteurs du tournoi à un Grec qui a eu le mauvais goût d’inscrire un quadruplé… Stéphane Paille a fait ses débuts en sélection en septembre 1986. Deux ans plus tard, il honore une deuxième sélection face à la Tchécoslovaquie, contre laquelle il inscrit son premier but en Bleu – de la tête, faut-il le préciser. Alors que Cantona purge une suspension d’un an avec les Bleus, Paille est un titulaire régulier en Bleu.

1988 est celle de l’année de la consécration : alors que son équipe est encore en D2, il atteint la finale de la Coupe de France dont il ouvre le score ! Sochaux s’incline seulement aux tirs au but. Installé en équipe de France pendant l’automne, il est nommé « meilleur joueur français de l’année » en décembre. Le maillot sochalien apparaît un peu trop étroit. L’été suivant, il se voit offrir l’occasion de rejoindre son pote Cantona à Montpellier. Dans un vestiaire miné par la jalousie, il perd sa précieuse confiance, et par la même occasion sa place en équipe de France. Après 17 matchs, quatre petits buts – dont un doublé inutile à Venoix – et un enième incident dans le vestiaire, le président Nicolin décide de se séparer de Paille, envoyé en prêt à Bordeaux. Il n’y reste que quelques mois, puis fait ses valises pour le FC Porto, où Artur Jorge ne le fait jouer que les premiers mois.

En 1991, il rentre en France à Caen, le petit club ambitieux, pour retrouver « plaisir et confiance ». Il ne cache pas son ambition de retrouver l’équipe de France pour l’Euro 92. Ses débuts sont fracassants – il inscrit même un quadruplé à Venoix face à Nancy devant Platini, le sélectionneur des Bleus. Technique soyeuse, vision du jeu… il régale aux côtés des Dumas, Rio, Görter, Olsen et du jeune Gravelaine, un autre hypersensible. Il inscrit quatorze buts en championnnat, que le club termine à la 5e place. Le Stade Malherbe est qualifié pour l’Europe, et il le doit en grande partie à sa vedette d’attaque.

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Le 15 septembre 1992, Caen reçoit Saragosse en coupe d’Europe. Paille et Gravelaine enfoncent la défense espagnole. Le duo enquille les buts, mais seul Gravelaine est sélectionné chez les Bleus. Gravelaine devient le buteur caennais, Paille son fournisseur attitré au point que L’Équipe le présente comme le meilleur passeur du championnat. Une autre facette de son talent.

Mais toutes les idylles ont une fin. Fâché avec Calderon, provocateur avec Jeandupeux, il est écarté du groupe caennais en fin de saison. Il rêve de rejoindre son pote Cantona en Angleterre, mais retourne finalement à Bordeaux, où pendant une saison il est le chaperon des jeunes Zidane et Dugarry. L’équipe fait un excellent début de saison, jusqu’à un huitième de finale retour de Coupe d’Europe à Karlsruhe où Paille est expulsé après 20 minutes pour s’être vengé lui-même de l’anti-jeu d’un défenseur. Les Bordelais s’inclinent lourdement, et le « vieux » Paille perd un peu de sa superbe.

Sa fin de carrière est d’une grande tristesse. Il quitte Bordeaux pour Lyon, où il ne reste que quelques mois, puis signe au Servette de Genève, en Suisse. Il rejoint alors le FC Mulhouse, en Division 2. En septembre 1995, il est contrôlé positif au cannabis. Il est suspendu par la fédération, avant que son contrat ne soit rompu. Il tente la saison suivante sa chance en Écosse. Après une petite saison, son contrat est rompu à cause d’une nouvelle affaire en France qui lui vaut une mise en examen. Il est finalement condamné à 18 mois de prison, dont 14 avec sursis, pour trafic de stupéfiants.

Finalement il trouve du soutien auprès de son club formateur, Sochaux, qui lui offre un poste parmi son staff technique. Il dirige l’équipe réserve, en CFA2, à partir de 1998. En 2002, il est embauché par le club voisin, le Besançon RC, avec lequel il remporte le championnat National. Malgré un nouvel écart extra-sportif (il retourne brièvement en prison pour conduite en état d’ivresse), sa carrière paraît lancée. Il est cependant licencié l’année suivante après la relégation de son club. Il retrouve du travail en National et obtient son DEPF. Il occupe successivement les bancs du au Racing Club de France, pendant un an, du SCO Angers, dont il est remercié au bout de six mois, de l’AS Cannes puis d’Evian Thonon Gaillard, dont il est licencié alors que son équipe est 2e au classement.

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Proche de Zidane, qui avait glissé son nom au président d’Evian, il est embauché comme recruteur par le Real Madrid. Son nom est même cité comme potentiel adjoint de Zizou lorsque la nomination de ce dernier est envisagée à Bordeaux. Il cherche depuis à entraîner de nouveau un club professionnel, mais les places sont rares et il a peut-être déjà laissé passer sa chance…